Piercings et Santé : ce qu’on ne vous dit pas toujours

« Un piercing, c’est juste un petit trou, non ? »

C’est souvent ce qu’on entend avant de passer à l’acte. Pourtant, derrière ce geste en apparence anodin se cachent des réalités bien plus complexes. Chaque année, des milliers de personnes découvrent — parfois trop tard — que ce petit bijou peut entraîner complications, douleurs prolongées, voire infections sévères.

Si les piercings sont de plus en plus populaires et accessibles, les informations fiables, elles, le sont beaucoup moins. Entre les conseils contradictoires, les idées reçues et les tutos douteux, difficile de savoir à qui faire confiance.

Dans cet article, on lève le voile sur ce qu’on ne vous dit pas toujours : des conseils concrets, des vérités peu connues, et les erreurs à éviter absolument pour que votre piercing soit un plaisir — pas un cauchemar.

1. Avant le piercing : ce qu’il faut absolument savoir

Se faire percer peut sembler anodin, presque banal aujourd’hui. Mais comme tout acte qui touche au corps, cela mérite une vraie préparation. Un piercing réussi ne dépend pas que de l’esthétique ou du choix du bijou : il commence bien avant, dans la phase de réflexion et d'information. Voici ce qu’il faut absolument avoir en tête avant de passer à l’acte.

a. Le choix du perceur : bien plus qu’une question de style

C’est l’étape la plus cruciale. Un perceur, ce n’est pas simplement quelqu’un qui sait tenir une aiguille — c’est un professionnel qui doit connaître l’anatomie, les règles strictes d’hygiène, et être capable de vous accompagner avant, pendant et après l’acte.

Assurez-vous que :

• Le matériel est stérilisé ou à usage unique (autoclave obligatoire)

• Le local est propre, bien entretenu, avec un poste de travail dédié

• Le perceur porte des gants et respecte les protocoles d’hygiène à la lettre

• Il dispose d’un certificat de formation reconnu ou d’une solide expérience

Un bon professionnel n’aura aucun mal à répondre à vos questions. Fuyez ceux qui prennent cela à la légère.

b. Allergies et matériaux : votre corps n’accepte pas tout

Beaucoup de réactions cutanées sont dues à un mauvais choix de bijou, surtout lors de la pose initiale. Le nickel, très présent dans les bijoux de basse qualité, est l’un des principaux allergènes. Il est absolument à éviter, surtout pour un premier piercing.

Les matériaux recommandés pour débuter :

• Le titane : hypoallergénique, léger, très bien toléré

• L’acier chirurgical de qualité implantable (316LVM) : souvent utilisé, mais peut être mal supporté par les peaux sensibles

• L’or 18 carats (non plaqué) : une belle alternative, à condition qu’il ne contienne pas de nickel

Ne laissez pas un joli design vous faire oublier l’essentiel : la santé de votre peau.

c. Votre état de santé : un facteur souvent négligé

Certaines conditions médicales peuvent compliquer la cicatrisation ou augmenter les risques d’infection. C’est pourquoi il est important d’en parler, même brièvement, avec votre perceur ou un professionnel de santé.

Soyez vigilant si vous :

• Êtes diabétique (surtout si mal équilibré)

• Avez des problèmes de cicatrisation ou des antécédents de chéloïdes

• Suivez un traitement immunosuppresseur

• Êtes en période de grossesse ou post-opératoire

Dans certains cas, il est préférable de différer le piercing pour éviter tout risque inutile.

d. Les bonnes questions à poser (et que vous avez le droit de poser)

Avant de vous lancer, prenez le temps de discuter avec le professionnel. Vous devez vous sentir en confiance et bien informé(e). Voici quelques questions essentielles :

• Quels matériaux utilisez-vous pour la pose initiale ?

• Quelle est votre méthode de stérilisation ?

• Quels sont les risques potentiels pour ce type de piercing ?

• Quels soins dois-je suivre dans les semaines qui suivent ?

Un perceur qui prend le temps de répondre est un perceur qui prend votre sécurité au sérieux.

2. L’hygiène : l’étape la plus négligée… et la plus importante

On pourrait croire que le plus difficile, c’est le moment du piercing. Mais en réalité, c’est ce qui vient après qui compte le plus. La plupart des complications — infections, rejets, douleurs prolongées — sont liées à une mauvaise hygiène ou à des soins inadaptés.

Le piercing est une plaie ouverte, même minuscule. Et comme toute plaie, il demande de la rigueur et du respect.

a. Les règles de base : simples, mais souvent ignorées

• Lavez-vous les mains avant de toucher votre piercing. À chaque fois. C’est non négociable.

• Ne touchez pas votre bijou pour rien : plus vous le manipulez, plus vous augmentez le risque d’introduire des bactéries.

• Utilisez des produits doux et adaptés : savon au pH neutre ou solution saline stérile. Pas besoin de plus.

Une routine simple et cohérente vaut mieux qu’un excès de zèle.

b. Nettoyer, oui… mais pas trop

L’une des erreurs les plus fréquentes, c’est de vouloir “trop bien faire” :
Nettoyer cinq fois par jour, frotter fort, alterner trois produits différents… Résultat ? Vous irritez la peau et ralentissez la cicatrisation.

À éviter absolument :

• L’alcool : trop agressif, il assèche et irrite

• La Biseptine : souvent trop forte pour une utilisation répétée

• L’eau oxygénée : elle détruit les cellules en cours de régénération

Le mieux, c’est souvent le plus simple : un rinçage doux matin et soir, sans excès.

c. Le mythe des "désinfectants miracle"

Beaucoup de personnes pensent qu’un bon antiseptique peut “sauver” un piercing malmené. Erreur.
Il n’existe aucun produit magique qui remplace une hygiène cohérente et des soins réguliers.

Certains désinfectants vendus en pharmacie ou en grande surface ne sont pas du tout adaptés aux piercings, et peuvent même aggraver l’état de la peau. D’autres ne sont utiles qu’en cas d’infection déjà déclarée — et doivent être utilisés sous avis médical.

Le vrai “miracle”, c’est la patience, la constance et la propreté.

3. Cicatrisation : un processus long, parfois imprévisible

On pense souvent que la pose du piercing est l’étape la plus difficile. En réalité, la vraie aventure commence après : celle de la cicatrisation. Et contrairement à ce que beaucoup imaginent, ce n’est ni instantané, ni linéaire.

Chaque corps réagit différemment, chaque zone a ses spécificités, et la patience est votre meilleure alliée.

a. Des durées très variables selon les zones

Il n’y a pas de vérité universelle. Un lobe peut cicatriser en 6 à 8 semaines, alors qu’un cartilage (comme le tragus ou l’hélix) peut demander 6 à 12 mois, voire plus.
Certaines zones sont plus vascularisées (langue, lèvre), donc cicatrisent plus vite. D’autres, comme le nombril ou l’arcade, peuvent réagir plus lentement.

Voici quelques repères :

• Lobe : 6 à 8 semaines

• Cartilage (hélix, conch, tragus…) : 6 à 12 mois

• Langue : 3 à 4 semaines

• Nombril : 6 mois à 1 an

• Septum : 6 à 8 semaines

• Narine : 3 à 6 mois

Mais encore une fois, ce ne sont que des moyennes. Écoutez votre corps.

b. Les signes d’alerte à surveiller

Tout ne se passe pas toujours comme prévu. Voici quelques signaux qui doivent vous pousser à consulter :

• Rougeur persistante, chaleur anormale, gonflement important

• Douleur vive qui ne diminue pas avec le temps

• Pus jaune/vert accompagné d’odeur désagréable

• Apparition d’une boule dure ou d’un kyste

Pas de panique à la moindre rougeur, mais mieux vaut consulter trop tôt que trop tard.

c. Les erreurs qui ralentissent tout

Certaines mauvaises habitudes peuvent sérieusement compromettre la cicatrisation :

• Changer de bijou trop tôt : attendez la cicatrisation complète (demandez l’avis de votre perceur)

• Dormir sur le piercing : surtout pour les oreilles, cela comprime et aggrave l’irritation

• Porter des écouteurs ou casques trop tôt après un piercing à l’oreille

• Toucher sans se laver les mains, ou pire : “faire tourner” le bijou (c’est totalement inutile et irritant)

• Se baigner en piscine, lac ou mer dans les premières semaines (risque infectieux élevé)

Cicatriser un piercing, c’est respecter le temps du corps, pas le forcer.